Tapisserie Ancienne Bruxelles | Le printemps | Paris 75
Tapisserie Bruxelles - Le printemps
Description
N° de référence : 78J/ 2653
Origine : Flandres - Bruxelles
Époque :XVIIIe siècle
Provenance :Collection Privée
Composition : Laine et soie
Dimension : L 3.30 x H 3.30
- Le printemps et la célébration des Floralies
Très fin panneau de tapisserie du XVIIIe siècle, tissé par les ateliers Leyniers Reydams des Manufactures royales de Bruxelles.
Cette tapisserie a pour registre le printemps et la célébration des floralies, fêtes organisées au mois d’avril pour favoriser la germination des semailles.
Cette tapisserie fait partie d’une suite de tentures en quatre panneaux ayant pour thème les quatre saisons.
La composition du carton nous suggère qu’il provient très probablement d’un travail de Jean VanOrley (1665-1735) et Bruno Coppens (1668-1740).
La finesse d’exécution du travail de tapisserie permet de mieux apprécier les détails et particulièrement les visages, ceci étant amplifié par une remarquable fraîcheur des couleurs que cette tapisserie a conservé.
Une belle et large bordure d'origine, formant cadre et propre à cette manufacture,
avec des coquilles saint Jacques aux angles, vient agréablement
rehaussée la grande qualité de cette tapisserie.
Laine, soie : Hauteur : 330 cm ; Largeur : 330 cm
Analyse de la composition du panneau :
La structure de la composition des personnages suggère une double interprétation, l’une mythologique avec la Déesse Flore (ou la nymphe Chloris pour les grecs) entourée de ses vestales, et l’autre plus contemporaine à l’époque de laréalisation de la tapisserie par les parements de la fontaine et le l’aménagement du jardin qui lui sert d’écrin, telle Marie-Louise d’Orléans, Duchesse de BERRY à l’écart du tumulte dans ses jardins du Château de Saint Cloud.
A gauche du panneau ou peut apercevoir un brûle parfum, symbole du sacrifice fait au culte de Flore qui se voit couronnée par des putti et recevoir les offrandes de ses vestales et autres jardiniers implorant ses grâces pour obtenir ses faveurs pour les plantations à venir.
Contexte mythologique:
La célébration des Floralies furent adoptés officiellement par un vote du sénat romain en l’an -114 avant Jésus-Christ. Ces fêtes célébrées au mois d’avril, duraient alors 5 jours, et serait à l’origine suggéré, selon la littérature, par l’impulsion d’une riche courtisane, voulant laisser son empreinte dans l’histoire.
En effet, l’importance de Flora apparaît du fait qu'à Rome un flamine particulier (Flamen Floralis) lui était consacré et que son sanctuaire — jadis un sacellum — se dressait sur le vieux Quirinal, près du temple de Quirinus. Selon la tradition, elle aurait été introduite à Rome par Titus Tatius, le roi sabin associé à Romulus, en même temps que Quirinus.
Rome lui dédiait donc cinq jours de fêtes, les Floralies. Le Sénat les rendit alors annuelles en -114 à la suite de quelques années de disette, attribuées naturellement à la colère de la nymphe. Chaque année en avril, elle était célébrée dans les fêtes agraires destinées à favoriser les récoltes.
Sans sa faveur en effet, ni croissance des céréales, ni des arbres fruitiers.
Par la suite, elle fut dédiée aux fleurs auxquelles elle donna son vieux nom sabin (et non pas l'inverse).
Flore était particulièrement adorée chez les Sabins qui transportèrent ce culte à Rome, où elle était célébrée lors des Jeux floraux. Considérée comme divinité de la fertilité, et plus particulièrement des fleurs sauvages.
C'est par ce biais qu'elle est assimilée à la dignité de la fertilité, « fertilité » pris dans son sens large : c'est par la floraison des plantes sauvages que les abeilles réalisent leur œuvre et donnent naissance à la nature verdoyante au printemps.
La déesse Flore joue ainsi dans le monde végétal le même rôle essentiel que Vénus dans le monde animal. Elle était souvent associée à Pomone. Le culte de Pomone étant très proche, si leurs origines diffèrent, leurs pratiques se confondent. Son culte passa des Étrusques à Rome où elle avait un temple et des autels. Son sanctuaire se trouvait sur la via Ostiensis à une douzaine de milles de Rome.
L'un des douze flamines mineurs, le flamen Pomonalis, dernier
dans l'ordre protocolaire des flamines, lui était consacré. On représentait ordinairement Pomone assise sur un grand panier plein de fleurs et de fruits, tenant de la main gauche quelques pommes, et de la droite un rameau. Les poètes l'ont dépeinte couronnée de feuilles de vigne et de grappes de raisin, tenant dans ses mains une corne d'abondance ou une corbeille remplie de fruits. Mais là arrête les similitudes. Selon le mythe, Pomone n’étant pas isolée du monde, seules quelques personnes pouvaient l'approcher. Au départ, elle refusa donc de recevoir Vertumne, divinité des saisons et des arbres fruitiers, éperdument amoureux d'elle mais elle finit par lui donner sa préférence. Celui-ci trouva la ruse adéquate pour l'approcher et lui parler : déguisé en vieille femme, il vint complimenter Pomone sur les fruits de ses arbres et l'embrassa de bon cœur.
Ensuite, il lui montra un orme enlacé par une vigne et plaida la cause de l'amour. Puis il lui raconta alors l'histoire d'amour d’Anaxarète : « Anaxarète était une fille née de famille noble de Chypre, aimée considérablement par le berger Iphis et qui réagit si froidement à son amour passionné qu'il se pendit. Elle ne fut même pas émue en voyant le corps sans vie de son soupirant. Comme châtiment, Aphrodite la transforma en pierre alors qu'elle regardait par curiosité le cortège de l'enterrement de son
amoureux passer sous sa fenêtre. »
Enfin, voyant que Pomone était séduite par l'histoire, il se révéla sous son vrai visage, resplendissant de jeunesse et de santé. Pomone n'y résista pas, s'éprit de lui et accepta son amour.
? Selon Lactance, Flora était donc une courtisane, qui légua toute sa fortune à Rome, à condition que soient célébrées chaque année à Rome, en son nom, des fêtes. Elle fut donc divinisée, mais par pudeur on la fit déesse des fleurs et non courtisane. Cependant, durant ces fêtes, les prostituées étaient à l'honneur. ? Dans la Ballade des dames du temps jadis, le poète Villon la cite, en tant que courtisane, pour sa beauté.
? Elle a parfois été également assimilée à Acca Larentia, qui était elle aussi présentée comme une riche courtisane dont le peuple romain avait été le légataire universel. ? Pour Jean le Lydien (IV, 50-51), Flora était un nom sacré de Rome. ? Constantin donna d'ailleurs à la Nouvelle Rome, Constantinople, le nom transposé en grecque de Flora.
Sources :
Histoire de la tapisserie depuis le moyen âge jusqu’à nos jours Guyffrei 1896
La Tapisserie Flamande, Guy Delmarcel, Edt Iannoo1999
Dictionnaire des symboles, mythes, rêves, coutumes, gestes, formes, figures, couleurs, nombres. Coll. BOUQ