TAPISSERIE FLANDRES, TAPISSERIE FEUILLES DE CHOUX
Rare et exceptionnel panneau de tapisserie des flandres du milieu du XVI° siècle, des Manufactures d’Enghien non loin de Bruxelles. C’est en effet, aux tapisseries « verdures » que la cité d’Enghien doit sa célébrité, et cette réputation est restée attachée à cette ville, même si l’on y produisit également autre chose. Ces tapisseries à verdure Feuilles de Choux d’Enghien étaient déjà exportées vers le Bourgogne en 1524. Les cartons des « verdures » dont le fond était rempli de plantes à grandes feuilles – probablement des feuilles d’acanthe ou d’aristoloches et non des feuilles de choux – et peuplé d’animaux et d’oiseaux de toutes sortes, étaient généralement utilisés à tour de rôle et selon la disponibilité des métiers et la fluctuation des prix, dans les centres d’Enghien, de Gramont et d’Audenarde, très proche les uns des autres.
Cette tapisserie est tissée en Laine, soie : Hauteur : 330 cm ; Largeur : 540 cm.
Analyse de la tapisserie ancienne Flandres - Feuilles de Choux
Si la voie maritime vers l’inde fut ouverte au commerce tout d’abord par les portugais, celle-ci ne fut exploitée par les hollandais qu’à partir de 1616, puis bien plus tard encore par les anglais en 1688.
On comprend mieux pourquoi, on peut voir apparaitre sur ce type de tapisserie des animaux découverts sous ces latitudes tel qu’ici le cop paon et sa poule au centre, oiseaux originaires de l’Inde, ou encore le singe macaque, présent sur notre panneau, ici en bas à droite. La perspective d’une balustrade surmontée d’une suite d’arcades en encorbellement (prouesse architecturale propre à la Renaissance) donne à cette superbe tapisserie l’impression de voir de la pièce, dans laquelle elle se trouve, une luxuriante végétation aussi apaisante qu’invitant à la rêverie ou aux voyages lointains.
Très souvent, donc, ces tapisseries étaient peuplées d’animaux aussi bien nobles, que fantastiques et même légendaires. Montrant ainsi que la faune fantastique vivait bien dans toutes les contrées, même aux abords des habitations. Ces tapisseries devaient être propices pour raconter des histoires de chasses, des comtes et des légendes durant les soirées. En des époques où l'on confondait volontiers le réel et le fabuleux, et où certains animaux originaires de contrées lointaines avaient une place particulière dans l'imaginaire populaire.
Une tapisserie laissant apparaitre des arcades en encorbellement comme le même esprit avec une balustrade, mentionnée comme provenant d’Enghien, fut répertoriée en son temps dans les collections Boccara.