Tapisserie Aubusson Exposition de Cyrus à Lurçat
Les grands ateliers qui se sont illustrés dans l’art de la tapisserie sont les ateliers d’Aubusson, de Felletin, de Tournai, de Bruxelles, d’Audenarde, et bien d’autres encore. Parmi eux, Aubusson a toujours eu ses lettres de noblesse et a connu une renommée sans faille.
La tapisserie émerge en Europe au milieu du XIVe siècle, dans un univers artistique dominé par la peinture de chevalet, l’enluminure et la fresque. Ses grandes dimensions propices à dérouler un récit complet et la facilité de transport attirent les nobles qui y voient un grand potentiel de propagande. L’intérêt des Grands contribue à l’essor presque immédiat de la tapisserie, et cela jusqu’à la fin du XVIIIe siècle. Les années 1460 voient l’investissement très important de nobles dans cet art, comme les ducs de Bourgogne. L’accroissement de la demande encourage la multiplication des ateliers, et une production sérielle des tapisseries selon des schémas prédéfinis, pour anticiper la demande. Les tapisseries peuvent également être l’objet d’une commande, prouvée par un document d’archive. Lors de commandes prestigieuses, un grand luxe est souvent déployé : utilisation de matériaux précieux comme des fils d’or et d’argent, composition complexe qui se distingue des tapisseries sérielles, appel aux meilleurs artistes de l’époque pour produire le carton, c’est-à-dire le premier modèle de la pièce. Jusqu’à la fin du XVIIIe siècle, lorsque les valeurs nobiliaires rendent leur dernier souffle déjà affaibli, la tapisserie reste associée pour les nobles à des enjeux de propagande et de représentation personnelle. Alors que la Révolution Française entraîne un arrêt brutal de la production de tapisserie, l’industrialisation croissante au XIXe siècle ne l’épargne pas non plus. La copie quasi systématique d’anciens cartons empêche tout renouvellement créatif en tapisseries ; la tapisserie perd en valeur. Ce n’est qu’au XXe siècle, lorsque de grands artistes commencent à réaliser les cartons, que cet art renaît. Un nouveau vocabulaire, une sensibilité originale des couleurs et des compositions sont intimement liés aux apports d’artistes comme Léger, Saint-Saëns, Dom Robert et surtout Lurçat. Ce-dernier renouvelle en profondeur cet art jusque dans les années 1960. Désormais déliée d’impératifs de représentation personnelle, la tapisserie répond à une exigence d’un nouvel esthétisme et de dépaysement.
Dans le cadre de cette exposition, la Galerie Jabert est heureuse de vous inviter à l'Exposition de Tapisserie d' Aubusson et d' Ailleurs de Cyrus à Lurçat.
L’invitée d’honneur, Céline Ferron, lissière (Atelier CC Brindelaine), y présentera une oeuvre récente en forme de manifeste, tissée à partir de laines locales aux couleurs naturelles.
L’Atelier Cc Brindelaine offre un joyeux renouveau de la tapisserie en lui insufflant la poésie du monde de l’illustration, renouant ainsi avec une certaine
tradition narrative de la décoration murale. Exerçant son savoir-faire à Aubusson/Felletin, dans le berceau de la tapisserie, l’atelier allie le savoir-faire
ancestral du tissage sur le métier basse-lisse à d’autres savoir-faire textiles comme la broderie, la sérigraphie.
Que ce soit la confection d’un tissu tapisserie, d’un objet textile, le fil conducteu de Céline Ferron, fondatrice de l’Atelier Cc Brindelaine, est associé à une
perspective narrative, riche de fantaisie : un tissu « parle », lui parle. Ses ouvrages sont réalisés sur mesure, dans le cadre d’une démarche
rigoureuse et engagée, en travaillant des laines locales et des teintures végétales. Produit de luxe, métier d’art d ‘excellence et de tradition locale, la tapisserie
d’Aubusson est faite de près de six siècles d’histoire. Ses savoir-faire sont inscrits au Patrimoine culturel immatériel de l’humanité par l’UNESCO depuis
2009 et ses produits sont protégés par deux Indications Géographiques « Tapisserie d’Aubusson » et « Tapis d’Aubusson » depuis 2018.
La particularité de la tapisserie est que la chaîne qui structure l’ouvrage est entièrement recouverte par les fils de trame, permettant de créer des motifs
complexes, avec une infinité de couleurs.
L’Atelier Cc Brindelaine perpétue la tradition en tissant sur un métier de basse-lisse, placé à l’horizontal. Chaque Ouvrage est réalisé sur mesure, à l’écoute du commanditaire, pour proposer une transposition textile qui sublime la maquette originale. Elle suit l’image transposée sur un carton, reproduction de l’image sur
son envers, placé sous la chaîne. La tapisserie n’est révélée que le jour de la tombée de métier où elle apparaît pour la première fois dans son intégralité.
TAPISSERIE CONTEMPORAINE LURCAT
Jean Lurçat :
Peintre cartonnier (1892-1966)
Créateur infatigable, Lurçat est un artiste aux multiples facettes : peintre, poète, illustrateur, il se passionne pour les techniques de la céramique et de la tapisserie dont il est le plus illustre représentant du XXe siècle.
Engagé dans son époque, et passionnément curieux du monde, Jean Lurçat est né dans les Vosges à Bruyères, où Lucien, receveur des postes, et Charlotte engendrent une descendance de créateurs : Jean le peintre et André l’architecte.
Jean Lurçat se forme dans l’atelier de Victor Prouvé, chef de file de l’École de Nancy, puis vient s’immerger dans l’effervescence artistique et intellectuelle de Paris, il a alors vingt ans. Il complète sa formation en marge des circuits officiels, fonde avec des amis la revue Les feuilles de mai, et décide alors d’entamer une carrière de peintre fresquiste, mais le projet tourne court à cause de la guerre. Jean Lurçat, engagé volontaire, subit le sort terrible des fantassins ballottés dans la tourmente : cela le marquera à vie.
Un Lurçat, impatient et ne tenant pas en place, s’exprime durant la décennie des années vingt. Il se fait connaître par sa peinture, en France et aux Etats-Unis. Peintre de renommée internationale, il figura parmi les artistes les plus significatifs de son temps, tout en restant en marge des courants esthétiques contemporains. Il collabore avec Pierre Chareau, architecte-décorateur connu par l’intermédiaire de ses amis Jean et Annie Dalsace, les commanditaires de l’iconique maison de verre rue Saint-Guillaume. Il produit aussi de grands canevas brodés par son épouse et donne des projets de tapis.
La collectionneuse Marie Cuttoli fait tisser à Aubusson des tapisseries d’après des œuvres de Lurçat et des autres artistes de sa collection, et cette expérience ouvre la voie de la renaissance de la tapisserie par son ambition esthétique. Parallèlement, aux Manufactures nationales, un salon des Illusions d’Icare est tissé ; destiné à l’ambassade de France en URSS, il ne sera jamais mis en place à cause de la guerre.
Lurçat, à cette époque, abandonne la peinture de chevalet. L’étape décisive est franchie lorsqu’il s’approprie la technique de la tapisserie de lisse et s’implique dans la technique du langage de la laine. L’Apocalypse d’Angers qu’il découvre en 1938 confirme son intuition. Il perçoit le potentiel immense et l’originalité de cet art. Grosseur du point, gamme limitée et carton chiffré, il n’aura de cesse de prôner les avantages d’une méthode qui revient aux fondamentaux de la technique du Moyen âge, période qu’il estime celle des plus grands chefs d’œuvre de la tapisserie. Afin de soutenir les manufactures d’Aubusson, lourdement touchées par la grande crise et en panne de création, l’administrateur des Manufactures nationales, Guillaume Jeanneau, imagine de confier une grande commande à des artistes contemporains.
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Tapisserie Aubusson Exposition de Cyrus à Lurçat
Atelier Cc Brindelaine - Wolfskin
IG Tapisserie d’Aubusson
Tissage basse-lisse
Laines et teintures végétales
Artiste lissière : Céline Ferron
Dimensions : 100cm X 120cm
Numéro d’édition : 1/3
Retissage possible : 2/3 et 3/3
Wolfskin est une création personnelle de l'Atelier Cc Brindelaine. Cette tapisserie a été créée pour l'événement "Championnat du Monde de Tonte de
Moutons" en 2019 au Dorat en Haute-Vienne et a été sélectionnée pour le Concours Régional des Ateliers d'Arts de France en 2020.
La confection de Wolfskin a nécessité toutes les étapes de réalisation d’une tapisserie basse-lisse: concevoir le dessin, préparer le carton, choisir les fils pour déterminer les textures, préparer le chapelet de couleurs, installer sur le métier les fils de chaîne déterminant l’épaisseur du tissu, installer le carton,tisser, faire les finitions et l’exposer. Cette pièce est intégralement tissée de laines tracées et locales, aux couleurs naturelles et végétales. Il a été utilisé des fils naturels (mélange
Tarasconnaise / Mérinos) provenant de la Filature de Niaux, située en Ariège, réhabilitée depuis quelques années par un collectif dont le leitmotiv est :
valoriser des laines locales. Pour les fils de trame, les couleurs en teinture végétale proviennent du travail d’une teinturière bruxelloise, l’Atelier Myrobolan.
Wolfskin se présente tel un trophée et parle à sa façon de la relation très controversée entre le monde pastoral et la présence du loup sur nos territoires. Wolfskin interroge la relation entre le monde sauvage et l’activité humaine. Cette tapisserie est labellisée IG Tapisserie d’Aubusson.
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